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Kiss série – épisode 3 : piloter par la périmètre et la valeur

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Keep It Simple and Stupid. Chacun connaît l’acronyme du baiser. Et pourtant … Simplicité ne saurait s’apparenter à bêtise. C’est même tout l’inverse. “La simplicité est la sophistication suprême.” Léonard de Vinci.

Dans cette série d’articles, je vous propose de revenir sur des bases, des ateliers et outils agiles connus de tous, mais sous un format accessible, empreint de quotidien et de bon sens. Pour expliquer simplement les choses et donner à chacun le loisir de comprendre. L’intelligence, “inter” et “ligare” pour la racine latine, faire du lien entre. Car c’est bien de cela dont il s’agit : faire du lien entre ce que chacun sait, connaît, entrevoit, déjà dans sa vie personnelle et ce qu’il ou elle vit ou expérimente dans le monde professionnel. Un fossé en apparence : si peu en réalité.

Bon voyage !

AU MENU ?

Expliquer simplement le changement de perspective proposé par l’agilité lorsqu’il s’agit de faire des choix. Avec l’agilité, le délai et le coût se veulent, idéalement, relativement fixes.

Je dis idéalement à dessein, tant en réalité chaque situation doit s’étudier à l’aune de son contexte spécifique, agilité ou pas.

Quant au délai, on part du postulat avec l’agilité qu’il convient de sortir rapidement du cône d’incertitude et voir dans le réel ce qui semble a priori faire du sens et délivrer de la valeur. Ceci étant dit, le concept de MVP au sens agile, que nous ne détaillerons volontairement pas ici, demeure toujours d’actualité. Pour déflorer immédiatement le sujet qui va suivre, si vous devez acheter du papier toilette au supermarché alors même que vous tournez furieusement dans le magasin depuis une heure, il y a fort à parier que vous referez cependant un tour de plus dans les rayons pour aller le chercher plutôt que de sortir sans votre butin. Et ce, même si la démarche vous coûte 10 minutes de plus.

Quant au budget, l’agilité ne refuse pas l’arrivée d’une manne providentielle ! Le miracle est toujours bon à prendre. Peut-être que plus simplement et de manière plus pragmatique, elle préfère cependant se souvenir que les éventuels nouveaux arrivants, financés par cet apport monétaire inattendu, auront besoin d’un temps d’adaptation quant à leur apprentissage et que cela ne saurait donc être une solution court-terme pour accélérer une mise en production imminente.

Au regard de tout ceci, l’agilité essaiera toujours de situer la négociation au niveau du périmètre, sortir de cette illusion délétère qui consiste à penser qu’il faut tout et tout de suite – mais jamais cependant au détriment de la qualité.

De l’épiphanie impromptue

Pendant longtemps en formation, je montrais ce schéma pour expliquer la différence entre Cycle en V et Agilité. Et pendant longtemps, j’ai vu des gens peu convaincus, tâchant de me persuader que cette logique n’était pas naturelle. Il fallait assurément ce fameux tout, toujours. Le temps et l’argent semblaient des concepts extensibles à l’envi. A l’aune d’une soirée où je devais retrouver mon conjoint pour faire le plein de courses pour la semaine au supermarché, l’épiphanie eut lieu. Après une heure au Auchan du centre commercial des 4 Temps à la Défense, trois anicroches avec mon conjoint, 157 calories de stress brûlées et 472 mètres parcourus dans les rayons, je savais comment présenter mieux les choses aux gens que je devrai former à l’avenir.

En voici le résultat. Je crois que les choix que mon conjoint et moi fîmes ce soir là s’avèrent relativement partagés par la plupart des individus dans notre situation. Je vous en laisse seuls juges.

De l’art de la métaphore venue du quotidien

Sur le chemin du retour, j’en suis venue à cette conclusion : mon conjoint et moi avions été agiles chez Auchan. Lâchés dans cette antre de la consommation, après une journée de travail, nous avions spontanément les mêmes repères en tête pour mener ce combat.

Le délai : le temps, la ressource précieuse

Ni mon conjoint, ni moi, n’avions l’intention de faire une nocturne chez Auchan. Un programme télévisuel (dont je tairai le nom par respect pour moi-même) nous attendait à la maison: à 20H45, nous entendions être posés dans le canapé. Pour y parvenir, nous savions donc, l’un et l’autre, que nous disposions d’une heure dans le supermarché. Ce délai n’était absolument pas négociable tant la vue des boites de conserve superposées dans les rayons ne pouvait concurrencer mon émission favorite. Quant à mon conjoint, la perspective de mon mécontentement si d’aventure nous manquions 15 minutes de cette émission, suffisait à lui donner un réel sentiment d’urgence.

Le coût : l’argent, la ressource nécessaire

Mon salaire avait été viré. Mon conjoint attendait des factures. Nous avions deux anniversaires nécessitant des cadeaux ce mois-ci. Là encore, sans nous concerter précisément ce soir là, nous savions le budget que nous souhaitions mettre pour une semaine de courses. Il est sensiblement toujours le même. Et comme la plupart des gens de nos âges, pour qui les années pâtes au ketchup s’éloignent, nous aimons manger correctement. C’est un choix, donc déjà un choix de priorités. Pour autant, il est assez clair que nous n’allions pas dépenser l’intégralité de mon salaire pour l’équivalent d’une semaine de courses.

Le périmètre et la qualité, le temps de l’échange

Sur ce sujet, chacun sa technique. Ma mère adopte celle du ratissage : elle passe dans chaque rayon et se souvient ainsi de ce dont elle a besoin. Ma grand-mère fonctionne avec une liste et va uniquement dans les rayons correspondants aux produits qu’elle cherche. Moi je ratisse. Et mon conjoint a une liste non exhaustive qui ressemble à un MVP. En vérité peu importe. Mais à de rares exceptions, je mets au défi quiconque de s’en tenir systématiquement à ce qu’il ou elle avait prévu ou imaginé. Ce soir en question, mon conjoint et moi ne faisions pas exception. Dans le caddie (qui couine, toujours celui-ci) mon conjoint avait disposé deux packs d’eau comme je fais beaucoup de sport. Il espérait ainsi ne pas avoir à en reprendre la semaine suivante et comptait sur ma présence pour en prendre un. En plus de tous les autres produits que nous avions déjà, il avait aussi mis la main sur plusieurs bouteilles de vin à un tarif visiblement concurrentiel selon l’avis d’une application mobile. Le temps filait. Le caddie rempli, nous vint en outre l’image de notre coffre de voiture: celui-ci est petit. En outre, bien qu’à l’unité les choses semblent d’un tarif raisonnable, la multiplication peut vite contrarier une carte bancaire.

Spontanément, nous avons donc fait le choix de reposer un pack d’eau. Pourtant, il n’a pas été question une seule seconde d’opter pour une autre marque d’eau que ma marque habituelle, les conditionnements des autres marques fussent-ils sensiblement plus petits. Non, simplement, nous avons convenu que, pour une semaine, un pack suffisait. La semaine suivante, j’aurais de surcroit peut-être envie d’une eau aromatisée. Quant au vin, car je sens le lecteur circonspect suite à notre décision sur l’eau, si l’application exhortait à en prendre plusieurs caisses au regard du prix, nous avons décidé de n’en prendre que deux bouteilles. Une à tester pour valider l’hypothèse et une à conserver si l’hypothèse s’avérait valide pour nous. Il serait bien temps, la semaine suivante, de voir si nous souhaitions en reprendre au regard des informations que nous aurions alors, ou si la vie nous offrirait une nouvelle joie incommensurable avec un vin encore plus exceptionnel pour un tarif encore plus incroyable. L’existence est une suite de surprises et le cône d’incertitude de plus en plus lumineux à mesure qu’on avance.

Les utilisateurs : une connaissance essentielle

Mon conjoint et moi avons un chien et deux chats. Je suis quasiment végétarienne, mon conjoint ne l’est pas. Je surveille les graisses et les calories, mon conjoint peut absorber la ration alimentaire d’un ours sans prendre un gramme. Nos choix chez Auchan ne se font pas uniquement à l’aune de nos souhaits personnels. Et par le passé, mon conjoint le déplorait lorsqu’il tentait de me convaincre de prendre 5 paquets de Kinder Pingui. Nous avons dû négocier pour arriver à placer sur notre MVP mensuel un seul paquet de Kinder Pingui, au coco. Et pour décider des meilleures friandises donner aux chats, nous n’avons pas demandé au chien et nous n’avons pas non plus goûté les Catisfaction. C’est donc le fruit d’un travail minutieux, consistant à tester sur chacun des utilisateurs félins les différentes croquettes friandises qui nous aura permis, avec le temps, d’arriver à cette conclusion : mon chat européen aime les Catisfaction au fromage, mon cocker anglais les aime aussi car finalement elle vole celles du chat, et la chatte norvégienne n’aime rien de tout cela et préfère le Royal Canin. Pour gagner du temps, de l’argent et viser la qualité ainsi que la satisfaction, connaître parfaitement ses utilisateurs s’avère un pré-requis : pour autant, ceci prend du temps.

En conclusion et pour la route

Il n’est pas toujours nécessaire de faire compliqué. Il est même rarement nécessaire de faire compliqué. L’agilité est spontanée et naturelle pour la plupart d’entre nous. Nous avons simplement tendance à l’oublier.

 


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